Genre et SVT : copie à revoir

Parmi les arguments essentialistes qui me font le plus sortir de mes gonds, il y a celui qui dit que les hommes ont naturellement plus envie de sexe que les femmes. Que dit-on pour étayer cet argument ? Que les testicules produisent de la testostérone, hormone sexuelle. Et c'est tout. Les femmes n'ayant pas de testicules, on suppose donc qu'elles ne produisent pas ou moins d'hormones sexuelles. Encore cette représentation des organes génitaux féminins comme une "absence", l'absence de pénis et l'absence de testicules, ce qui dénoterait forcément d'une infériorité féminine... C'est si simple, comme vision des choses, pourquoi la remettre en question ? Ce qu'on ne voit pas n'existe pas, c'est connu.

Jamais on ne se demande ce qui, chez la femme, produit les hormones sexuelles, en quelle quantité, à quelle fréquence ? Il est bien plus important de justifier les violences commises par les hommes en invoquant leurs sacro-saintes testicouilles.

Tout ça pour dire qu'émettre l'idée que "les hommes ont l'air d'avoir plus souvent envie et puis les couilles produisent de la testostérone" me semble être très, très léger comme argumentaire pour expliquer qu'ils auraient plus (et plus souvent) envie que les femmes. Déjà, on se place uniquement du point de vue de l'homme alors que les œstrogènes sont aussi des hormones sexuelles et que les femmes produisent aussi de la testostérone, pas forcément en plus petite quantité qu'un homme pris au hasard, d'ailleurs. Bref, je suis assez friande d'articles traitant du sujet autrement que pour se vautrer dans les poncifs concernant la sexualité à base de "ces messieurs ont plus envie car ils ont des couilles", c'est typiquement le genre d'argument qui me donne des boutons.

Et j'en ai trouvé un. Il traite en fait de la manière dont le sexe, le genre et l'orientation sexuelle sont abordés dans les manuels de SVT. Aucune réponse n'est vraiment donnée concernant les mécanismes régissant la libido des femmes mais cet article a le mérite de démonter bien comme il faut la manière dont les études scientifiques mentionnées sont tronquées et les conclusions biaisées afin de conserver l'idée chère au patriarcat d'une dichotomie entre comportement sexuel masculin et féminin.

Voici l'article en question : http://allodoxia.blog.lemonde.fr/2012/08/15/genre-svt/

Vous pouvez aussi aller lire le reste du site, pour ma part, j'ai mis le site en favoris car il m'a l'air très bien documenté.

Merci pour cet article !

C'est rare quand je lis un truc sur ce sujet d'approuver toutes les 2 lignes...

Je suis pour ma part très contente que soient abordé dans l'enseignement les identités de genre, l'orientation sexuelle... Je trouve ça maladroit que ça ait été en cours de SVT car je pense que ça relève non pas de la science mais de la sociologie... De plus les "consignes" qui ont été données aux rédacteurs de manuels (mais bon après y'a foultitude de manuels, certains mieux faits que d'autres, et les profs ne sont pas tenus de s'appuyer à 100% dessus heureusement), et aux profs (là c'est plus problématique car si ceux-ci sont mal informés sur des sujets si complexes ça peut donner tout et n'importe quoi) aient été si... mal formulées et floues... Ce qui est dit dit dans l'article est tout à fait juste à ce propos.

Concernant l'orientation sexuelle:

1. qu’elle est suffisamment floue pour être interprétée, en combinaison avec les compétences exigibles formulées au programme, comme une invitation à présenter l’homosexualité comme sortant de la trajectoire normale du « devenir homme ou femme » qu’il convient de ne pas afficher dans l’espace public, et/ou dont la révélation publique est une atteinte à la dignité de la personne concernée, ou encore à poser que le sexe biologique d’une personne relève de l’espace social [14];
2. qu’elle définit une répartition public/privé et social/intime peu pertinente alors qu’en se mariant ou en se pacsant, un individu fait sortir son orientation sexuelle de la sphère intime, que chacun est censé être libre d’afficher publiquement son orientation hétéro-, homo- ou bisexuelle, et que l’orientation sexuelle est bel et bien prise en compte dans l’espace social puisque les droits des couples homo- et hétérosexuels ne sont pas les mêmes;
3. que sa présence dans un enseignement de SVT fait d’autant moins sens que la possibilité d’adopter une identité de sexe sociale (sphère publique) indépendante de son sexe anatomique (sphère privée), voire de n’en adopter aucune, relève non pas d’un donné biologique mais d’un choix de société (déjà fait dans plusieurs pays [15]).

Concernant la partie sur les hormones, c'est vraiment hallucinant... Je veux bien qu'il y ait beaucoup de choses a traiter au programme mais les raccourcis pris part les différents manuels... Wow. Ah bah oui c'est très pertinent de donner des études sur les rats avec des conclusions et interprétations biaisées. Quitte a entretenir des clichés sexistes, complètement encrés dans la culture patriarcale. Et cette comparaison constante aux bonobos (déjà au programme quand j'étais au lycée)... y_y

Or plutôt que de signaler cette complexité et cette diversité, les auteurs des manuels ont généralement préféré, peut-être du fait que cette partie du programme était à traiter dans le cadre du « féminin/masculin », donner une image faussement univoque et dichotomique de l’influence des hormones sur le comportement sexuel des mammifères. Ainsi, les manuels Belin (p. 136-137), Bordas (p. 180-181) et Nathan (p. 192) en présentent en chœur une vision largement caricaturale : d’un côté les mâles montent les femelles, et ce comportement est contrôlé par la testostérone, de l’autre les femelles se montrent réceptives aux mâles (voire « acceptent » leurs « avances » chez Bordas !), et ce comportement est contrôlé par les hormones ovariennes. Ces manuels laissent ainsi croire à tort que les mécanismes hormonaux de contrôle des comportements sexuels « féminins » et « masculins » sont identiques dans toutes les espèces et se sont seulement affaiblis chez les primates et chez l’Homme.

Les articles parlant de désir sexuel sont souvent écrits au conditionnel, ou citent peu ou pas de sources. C'est souvent des hypothèses, que les médias s'empressent de relayer quitte à faire de la désinformation...

Du coup en y réfléchissant je me rend compte que je ne suis pas du tout au courant des différents mécanismes qui entrent en ligne de compte...
Les hormones jouent-elles vraiment un rôle fondamental ? La "castration chimique" chez les hommes ne peut donner de résultat il me semble que si elle est accompagnée d'un suivi psychologique. Et chez les femme, il est "admis" (du moins c'est ce que l'on peut lire un peu partout, perso c'est pas du tout le cas chez moi <.<) que la libido est directement liée au cycle, afin de favoriser la procréation... Mais alors pourquoi persiste-elle après la ménopause ou en cas de castration (chez l'homme ou la femme) ? Il me semble que ces hormones peuvent être sécrétés ailleurs en petite quantité (je suis une bille en science et flemme de googler). Et il peut y avoir absence totale de libido même si ces hormones sont sécrétées.
Par contre chez les femmes c'est vu comme si c'était de leur faute, du style "vous prenez pas le temps de vous en occuper !" et limite nié chez les hommes... Pourquoi une telle différence de traitement entre les deux ?? >_<

Bref ça me semble plus que farfelu pour expliquer le prétendu gros appétit sexuel des hommes... (Il me semble également que la testostérone est utilisée  comme excuse pour des comportements agressifs et à risque chez les hommes "sé pa ma fot sé lé zormone!!").

La testostérone est aussi présente chez la femme, elle est produite par les ovaires et elle n'est qu'une des hormones sexuelles, il y en a d'autres produites par l'homme ET la femme... Je ne le savais même pas, tant les informations qui nous sont prodiguées sont focalisées sur l'homme et ses couilles. Quand on parle d'hormones chez les femmes, c'est plutôt pour dire qu'elles sont chiantes quand elles ont leurs règles... Je n'ai jamais lu d'article de presse qui ne contente pas de dire : homme = couilles = testostérone en sous entendant que la femme n'en a pas et qu'il est donc normal qu'elle n'ait aucune libido... Bien sûr ce n'est jamais clairement exprimé mais étant donné le contexte je pense que quand on omet de préciser une information aussi capitale, c'est pour suggérer une différence biologique de libido entre homme et femmes...

Je me souviens qu'à l'époque où j'étais au collège, avoir lue un manuel sur la sexualité pour les ados et bizarrement ça m'a beaucoup énervée. En gros ça parler beaucoup de la libido des mec, que s'était normal par ce que cay la natuuuure. Par contre rien sur la libido des femme, juste des quelques lignes du style " on a le droit de dire non, les règles cay normal" et un tout petit paragraphe qui nous explique " a ben dit donc il est possible de se masturber, the scoop!" genre la meuf ne s'est jamais tripoter avant de lire ce torchon ==' ha ben non ein, c'est normale, les filles n'ont pas l’envie naturel ein, voyons...

Et dire que c'est le genre de torchon qu'on fait lire aux collégiens pffff pathétique.