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Grossesse et troubles alimentaires

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Message par Xiuhcoatl Lun 3 Fév - 19:47

J'ai lu aujourd'hui un article dans le magazine hebdomadaire du Süddeutsche Zeitung, que j'ai décidé de traduire pour vous le faire partager (attention au roman, je ne me remets pas de ma motivation, j'avoue j'ai flanché par moments Very Happy) Quel est l'intérêt me direz-vous? Et bien, j'ai souvent constaté à regret que les problèmes de société en Allemagne, pays d'à côté donc, n'étaient pas beaucoup abordés par la presse en France. J'imagine que l'anglais est plus accessible, mais je trouve dommage qu'on ne cite l'Allemagne actuelle généralement que dans le contexte économique et politique.    

Pour l'anecdote, l'auteure, Lara Fritzsche (née en 1984), a étudié la germanistique et a psychologie et elle est aujourd'hui journaliste.Elle a reçu en 2005 le prix Theodor Wolff pour son reportage sur les filles anorexiques. En 2006, Alice Schwarzer lui a remis le prix des journalistes d'Emma.  

C'est parti! ^^


Louisa Bartel se souvient encore très exactement de ses premières pensées. Elle en a honte mais pourtant – elle le sait – ce serait aujourd’hui encore ce qui lui passerait en premier par la tête. Elle avait posé le test de grossesse à côté des toilettes, sur le bord de la baignoire et elle avait lentement fait le tour de son appartement. Quand elle était revenue dans la salle de bains, trois minutes s’étaient écoulées. Le résultat : deux barres, enceinte. Et son premier sentiment : la panique. Parce que subitement, toutes ses vieilles angoisses la rattrapaient. D’abord cette pensée : « Je ne peux plus aller courir tous les jours ». Puis : «  Il va falloir que je mange plus. » Manger régulièrement – dans sa tête, ça a une connotation terrible. Puis la certitude : « Je vais grossir ». Du ventre bien sûr, mais peut-être aussi ailleurs : des jambes, des fesses, des seins. « Est-ce que je reperdrai un jour ces kilos ? »

Neuf mois de grossesse, c’est comme les montagnes russes. Parfois, Louisa Bartel va bien, elle finit son assiette et elle oublie même après de le regretter. Des jours insouciants. Et puis il y a les autres : des jours où la bouffe la dégoûte, où elle ne peut rien avaler et va se coucher la faim au ventre. Elle supporte bien ces états, elle en a pris l’habitude avec les années. Pendant la puberté, Louisa Bartel a souffert d’anorexie, elle a passé plusieurs années en thérapie, elle a même fait un séjour de six mois en clinique. Lorsqu’on l’a laissé sortir, elle était considérée guérie. Elle-même n’a jamais ressenti la guérison. Elle reste en proie à une perception troublée de l’image corporelle. Elle n’a jamais vraiment arrêté les séances de thérapie pendant toutes ces années. Aujourd’hui, elle a 37 ans. « Je me sens mal depuis toujours », dit-elle.

De l’extérieur, ça ne se voit pas et les gens ne sont pas supposés le voir. Louisa Bartel est conseillère en entreprise dans une agence munichoise de consultants. Son métier lui amène à côtoyer au quotidien des gens à qui elle doit communiquer ses idées. Ou des gens qui ont payé très cher pour que Louisa Bartel leur dise qu’ils font déjà tout comme il faut. Quand on veut convaincre les autres, il faut déjà réussir à se convaincre soi-même. Ou du moins, réussir à simuler. Elle ne peut pas se permettre de récolter une réputation de femme en proie au doute, c’est pourquoi son nom a été changé dans le texte.

Ses amis et collègues connaissent une femme qui, avec ses ridules d’expression autour des yeux, son regard franc, son collier de perles et son pull rayé bleu et blanc, a l’air à la fois sérieuse et insouciante. Elle a l’air de profiter de la vie et de tout contrôler. Ou : de tout vouloir contrôler. C’est bien là le problème. Les troubles alimentaires sont une tentative de contrôler. Ils apparaissent en même temps que des changements biologiques ou psychologiques, qui semblent alors impossibles à gérer et ont l’air de vouloir nous enterrer. C’est la raison pour laquelle ils sont restés longtemps associés à la puberté. Les experts considèrent les particularités qui surgissent lors de la période de transition entre l’enfance et l’adolescence comme la cause de cette maladie.

A côté de la puberté, la grossesse est la deuxième grosse période de transition dans la vie d’une femme. Et elle se retrouve face à des défis très similaires : le corps change, la vie change – et tout ça, sous l’influence des hormones.

En dépit de ces similitudes, la grossesse est longtemps restée très loin des préoccupations des psychologues et experts en troubles alimentaires. La possibilité que les femmes enceintes puissent volontairement limiter les apports nutritifs à leur future progéniture devait leur sembler trop aberrante. Biologiquement illogique.

C’est seulement l’année dernière que sept scientifiques britanniques, elles-mêmes mères, ont osé avancer l’hypothèse : le résultat de l’étude effectuée par ces neurologues, psychologues, gynécologues et sociologues de l’Institut de la santé de l’enfant avec le service psychiatrique de l’Université de Londres est très clair. Sur un total de 739 femmes enceintes, 1 sur 4 a indiqué avoir très peur de prendre du poids et de voir la forme de son corps changer. Une femme sur 10 montrait déjà des signes de troubles alimentaires : faim, crises de boulimie, vomissements, utilisation de laxatifs, lavements ou sport à l’excès. Et 1 femme enceinte sur 15 remplissait tous les critères d’un trouble alimentaire. Un résultat surprenant. Même pour les chercheuses, qui faisaient pourtant partie des rares personnes envisageant sérieusement l’apparition de cette maladie.

« Nous avons constaté que les nombreuses insatisfactions des femmes vont de pair avec l’image publique de la femme enceinte », a expliqué la directrice de l’étude, Nadia Micali. La grossesse est aujourd’hui bien plus publique et bien moins pudique. » Les femmes portent des vêtements près du corps, elles montrent leur ventre. Du moins dans les médias. « Les célébrités montrent aujourd’hui leur ventre de femme enceinte, et quelques jours après l’accouchement, elles sont de nouveaux super minces. Et nous assistons à tout cela par le biais de la télévision, des magazines, d’internet. Ces images génèrent chez beaucoup de femmes des attentes non réalistes de leur corps », a poursuivi Micali.

Lorsqu’en juillet 2013, la duchesse Kate a mis au monde le successeur au trône britannique, George, et posé pour les photographes peu après avec bébé et mari devant l’hôpital londonien, son apparence a suscité des questions chez beaucoup de gens : « Pourquoi voit-on encore ce ballon sous la petite robe bleue ? Elle porte son bébé au bras, pas dans son ventre ! » Des questions qui préoccupaient visiblement certains sérieusement car le journaliste du Sun britannique s’est senti obligé d’y répondre pendant la diffusion en direct. Un peu maladroitement, il a expliqué aux téléspectateurs qu’il est tout à fait normal que le ventre de la duchesse ne soit pas redevenu plat tout de suite. Selon la vieille règle des sages-femmes, ce qui met neuf mois à se former, mettra aussi neuf mois à disparaître. Petit cours de logique pour la société.

L’image habituelle est très différente : Heidi Klum s’est remise à poser en sous-vêtements seulement cinq semaines après la naissance de son fils Henry. Quatre jours après la naissance de sa fille Sole, Michelle Hunzicker animait son show satirique – Striscia la notizia – en mini-robe rose, aussi mince que d’habitude. Et la créatrice de mode Victoria Beckham remettait ses vêtements de taille 32 une semaine après la naissance de son quatrième enfant, Harper. Comment est-ce possible ? Selon les médecins, seulement parce que beaucoup de célébrités accouchent par césarienne quelques semaines avant la date prévue de l’accouchement. Parce que la prise de poids pendant la grossesse suit une courbe exponentielle. Celle qui réduit sa grossesse de cinq semaines s’évite quelques kilos.

Celle qui décide de mener sa grossesse à terme et affiche un gros ventre après l’accouchement reçoit « l’aide » du magazine people le plus connu de Grande-Bretagne, OK ! Le jour suivant la naissance du successeur au trône George, le magazine a publié un régime personnalisé pour la duchesse. Et le coach personnel de Kate est cité dans la même édition : « Elle est très en forme, son ventre redeviendra aussi plat qu’avant. » On va tout de suite mieux ! Que le ventre post-bébé de Kate ne se heurte ni à l’incompréhension ni au sarcasme mais qu’au contraire pleuvent les compliments et la bienveillance montre une chose au final : ce qu’il y a de plus normal n’est plus normal. Neuf mois de grossesse n’offrent plus aujourd’hui une pause des idéaux esthétiques en vogue et sûrement pas non plus une tranche de vie sacrée, où les femmes sont censées manger pour deux et où les ventres ronds signifient que les futures mères ont tout fait comme il fallait. Au contraire.

Les idéaux de beauté pour les femmes enceintes remontent très loin. Afficher un petit ballon : OK. Devenir soi-même un ballon : non. Kim Kardashian, la fiancée du rappeur Kanye West, en a elle-même fait les frais. Les tabloïds américains s’en sont donné à cœur joie : « Le derrière de Kim est encore plus gros que son ventre. » Une chroniqueuse connue a écrit : « Il n’y a que moi qui ai l’impression que Kim accouchera aussi du derrière ? » Logique, quand on y pense : pas toutes les femmes enceintes ne conservent de belles fesses et une taille fine, de sorte à n’avoir pas l’air enceinte de dos – ce qui est d’ailleurs un compliment très répandu dans les magasins de puériculture et les cours de préparation à l’accouchement. Chaque fois que des femmes enceintes se rencontrent et veulent dire quelque chose de gentil, elles s’assurent mutuellement de ne pas avoir l’air enceinte de dos.  

« Ne pas avoir l’air enceinte » est aussi le mot-clé qui reste après l’accouchement : dans les grandes villes d’Allemagne, les cours ardus de gymnastique post-natale s’appellent aujourd’hui « En forme et mince après la naissance ». Les magazines familiaux les plus innocents calculent combien de kilos une femme peut perdre pendant l’accouchement : le bébé pèse environ 3,3 kilos, on perd environ 500 grammes à l’expulsion du placenta, le sang et les eaux constituent environ deux petits kilos. Et – super pratique – une partie de la rétention d’eau est évacuée dans la sueur de l’accouchement. Pousser devient le premier exercice d’entraînement.

Et après : il faut continuer à modeler son corps. Jusqu’à pouvoir reprendre des Selfies à ventre découvert. Pour la Norvégienne Caroline Berg Eriksen, épouse de footballeur, ça a duré quatre jours. Charlotte Würdig, l’épouse du rappeur Sido, a eu besoin de trois mois pour afficher des abdos en béton. Pas sans toutefois faire l’éloge de son coach personnel, qui s’est baptisée « faiseur de MILF ». MILF est l’abréviation de « Mother I’d like to fuck. » Les mères fatiguées doivent donc être rendues de nouveau baisables.

La minceur des célébrités n’est pas responsable en partie des troubles alimentaires dont sont victimes des cohortes de femmes, les sarcasmes de certains chroniqueurs ne provoquent pas de dépressions massives parmi les femmes enceintes, et l’insolence de certains coaches n’a rien à voir avec l’addiction au sport qui sévit de plus en plus parmi les mères. Mais tous modifient l’image sociétale de la femme enceinte – et augmentent la pression. Il n’est pas nouveau que les femmes sont inquiètes de ne plus reprendre leur poids d’avant la grossesse. En 1990, une étude réalisée par l’Université d’Oxford avait établi que 40% des femmes enceintes craignent une prise de poids. Mais la propension à l’action a changé. Plus nombreuses aujourd’hui sont les femmes qui agissent – contre le poids pris pendant la grossesse. Dans une étude réalisée en 2012 auprès de femmes américaines, Brenda Broussard, professeure à l’Université de Seattle, a relevé un pourcentage de troubles alimentaires chez les femmes enceintes plus élevé encore que celui observé par ses collègues britanniques. Parmi ses 54 participantes, 27%, donc près d’un tiers d’entre elles montraient des signes d’anorexie, de boulimie ou d’absorption-et-rejet consécutif de nourriture.

Dans les forums en ligne de pro-anorexie, où l’on voit des victimes de troubles alimentaires s’inciter mutuellement à continuer de s’affamer, on compte récemment beaucoup de femmes enceintes. Elles participent aux rituels du groupe, comptent les calories, écrivent rêver de conserver le poids désiré toute leur vie, et donnent des conseils pour se faire vomir. Seulement, leurs photos de Thinspiration, ces photos qui montrent des gens extrêmement minces et, affichées sur la porte d’un réfrigérateur, supposées être une « inspiration » pour encore moins manger, elles, sont différentes. Elles montrent aussi de la peau tendue sur un squelette, on y voit peu de différence entre le radius et le cubitus, les cuisses y sont plus minces que le genou et les clavicules forment des creux profonds, mais on voit se dessiner une demi-balle compacte sur le ventre. La photo est un montage – comme beaucoup d’autres photos de Thinspiration, qui incitent à s’affamer. Un embryon ne pourrait pas survivre dans un corps de femme comme celui-ci. En bonne santé, les individus s’en rendent compte immédiatement ; malades, ils ne le voient plus. Les anorexiques développent souvent un trouble de l’hémisphère cérébral droit qui fausse leur perception de l’image corporelle. Le cerveau n’envoie plus que « gros, gros, gros », peu importe leur silhouette réelle.

Une femme enceinte mince, ça n’existe pas. Mais c’est l’objectif déclaré. En Allemagne, les centres de thérapie connaissent aussi ces symptômes depuis quelques années. Andreas Schnebel dirige le centre de thérapie munichois « Anad », qui suit environ 55 personnes atteintes de troubles alimentaires, réparties dans quatre foyers en ville. Président de l’association fédérale des professionnels des troubles alimentaires, il rencontre une fois par mois des dirigeants d’établissements similaires au niveau national, des chefs de cliniques et des thérapeutes ; tous les experts qui travaillent donc avec des personnes atteintes de troubles alimentaires. Leur analyse est formelle : avant, il n’y avait presque pas de femmes enceintes parmi les patientes. Et s’il y en avait, c’est uniquement parce qu’une femme atteinte de troubles alimentaires tombait enceinte par hasard.

Les biographies comme celle de Louisa Bartel sont récentes : Louisa vient d’avoir 18 ans quand les symptômes apparaissent. Et ils apparaissent en famille. Si Louisa est capable aujourd’hui d’en parler si clairement et si bien, c’est le résultat de nombreuses séances chez le psy. Son père est souvent en déplacement, travaille souvent à l’étranger, n’est pas toujours joignable. Et sa mère, une femme craintive, est débordée avec quatre enfants à éduquer, souffre de dépressions qu’elle essaie de cacher parce qu’elles ne collent pas à l’image qu’elle se fait d’elle-même. Epouse, mère, hôtesse parfaite quand les partenaires d’affaires de son mari viennent manger à la maison, drôle, joyeuse, sûre d’elle. Pourtant, ses enfants sentent que quelque chose cloche, mais personne n’a le droit d’en parler. On se parle d’ailleurs très peu. La façade est solide, mais l’intérieur est un champ de bataille. C’est comme ça que Louisa perçoit sa famille. Elle tombe malade. Elle finit par peser 38 kilos pour 1,63 mètre, les médecins évoquent déjà l’option de la dernière chance en sa présence : l’alimentation artificielle. Ça marche. Elle développe une forme d’anorexie qui lui permet de vivre, travailler, se marier, fonder une famille. Jamais vraiment en bonne santé, mais hors de danger immédiat. C’est la perspective d’une grossesse qui réactive le vieux trouble.

Ce n’est pas un hasard si ces dernières années comptent un grand nombre de rechutes. Les troubles alimentaires ne sont apparus en Allemagne qu’à la fin des années 80 ; c’est à cette période que l’on a fondé les premières cliniques qui ont proposé les premières thérapies. Depuis, les troubles sont traités systématiquement et reconnus par les caisses de maladie. Quelqu’un qui était ado en ce temps-là est aujourd’hui en âge de procréer. La première génération de femmes atteintes de troubles alimentaires tombe enceinte.

Mais on observe d’autres schémas pathologiques : l’apparition de la maladie pendant la grossesse et après. Et ce phénomène n’a été observé massivement qu’au cours des dernières années, expliquent Andreas Schnebel et ses collègues. La Inntalklinik, centre spécialisé du sud de l’Allemagne, a déjà réagi : il y a deux ans qu’elle a étendu ses prestations et créé des places pour les mères et leurs nourrissons. « Parce que le nombre de demandes augmente toujours plus », comme l’a expliqué le chef de la clinique, Alexei Tarasov.

« J’ai l’impression que l’on n’accepte plus les particularités de la grossesse », a déclaré Schnebel. Pas seulement à cause de l’idéal de beauté du moment, mais aussi parce que les gens, et pas seulement les femmes, auraient peur de perdre l’autonomie de leur corps. Il devient rare d’associer son corps au plaisir. Le sport, l’alimentation, le sexe – tout sert de plus en plus à s’auto-optimiser ou à s’affirmer avant tout. La décadence s’efface devant l’efficacité. Le plaisir laisse place au contrôle, la confiance en soi disparaît au profit de la sécurité.

Dans la vie des femmes, cette image de soi est impossible à conserver à un moment précis : au début de la grossesse. On assiste à une perte de contrôle. Tous les jours, quelque chose change : le ventre grossit, devant, sur les côtés, puis il se met à pousser vers le haut. Le corps n’est plus un outil exploitable, que l’on peut – comme avant – ignorer toute la journée et qui se fait sentir le soir avant de faire du sport ou l’amour. Il réclame maintenant de l’attention toute la journée. De l’attention pour ce qui y pousse. Pour une femme, ces changements ne sont pas seulement merveilleux, ils sont aussi très éprouvants. Et cette charge physique devient psychique quand le standard est de « ne pas avoir l’air enceinte ».

Et elle n’est pas la seule. Les femmes enceintes sont les destinataires de nombreuses d’exigences différentes – en partie contradictoires : il faut rester mince mais il ne faut pas refuser les apports nutritifs importants à sa future progéniture. Il faut consulter la gynéco tous les mois en prévention, prendre des cours de préparation à l’accouchement, visiter la salle d’accouchement, commencer un entraînement du muscle pelvien. Il faut lire des livres et aménager des chambres, on ne doit pas éclater en sanglots sans crier gare, il faut dire au patron employeur quand on reviendra travailler, réclamer des allocations, organiser les places en crèche, faire attention à sa tenue vestimentaire et rester baisable. Mais, et c’est très important, il faut accepter le miracle, se laisser parfois aller, embrasser la féminité et être constamment à l’écoute de son corps. En bref, devenir une mère aimante.

« Pour les femmes qui ont un gros besoin de contrôler, cet amalgame est un déclencheur de maladie », a déclaré Schnebel. Le trouble alimentaire donne à la patiente le sentiment de contrôler quelque chose. Au moins une. Même si ça semble cynique : dans ce catalogue d’exigence, le corps semble encore être le point le plus facile à gérer. Contrairement au reste, il est presque facile à contrôler.

Louisa Bartel a repris contact avec son thérapeute dès qu’elle a découvert qu’elle était enceinte, fait part de ses peurs et de ses inquiétudes à son mari, prévenu sa gynécologue et essayé de rester aussi zen que possible. Ça ne marche pas toujours : il y a des phases lors desquelles le ventre se met bêtement à grossir et grossir, alors qu’elle saute des repas. Elle s’agite, la panique reprend le dessus. Mais en automne, sa fille naît, elle n’est pas trop petite, elle est en bonne santé. Par précaution, Louisa ne laisse pas tomber ses groupes de parole. Elle veut arrêter de se préoccuper de son alimentation et de son poids. Pour sa fille. « Quelle mère veut donner une telle image à ses enfants ? »
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Message par Aezeria Lun 3 Fév - 20:40

Tout d'abord un grand merci pour ta contribution ^^ J'ai traduit l'autre jour un article en anglais mais il était nettement moins long... Donc bravo et merci d'enrichir le forum Smile

Cela fait un moment que j'ai remarqué qu'en effet les femmes enceintes ont la vie dure (et pas seulement à cause du seul fait qu'elles sont enceintes) en suivant quelques concernées ou qui ont été concernées on se rend compte que le corps de la femme enceinte ne lui appartient même plus (les personnes qui demandent à toucher, etc), je trouve pas ça étonnant du tout que c'est essaient de se le réapproprier... J'ai jamais été enceinte mais rien que l'idée que mon corps soit encore plus incontrôlable (pourtant je suis assez "gâtée" de ce côté-là déjà...) me terrifie, ce qui explique (entre autres) le fait que je n'arrive pas à envisager de mener un jour une grossesse à terme.

Ça permet aussi de se rendre encore mieux compte de l'absurdité des diktats pesant sur le corps des femmes, quand on se dit "Mais c'est rien ça c'est normal les diktats de la beauté, c'est culturel"... Face à ça, au fait qu'on refuse aux femmes enceintes d'avoir l'air de l'être, comment nier le fait que si c'est culturel ça n'en est pas moins choquant et traumatisant ?
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Message par Carottine Lun 3 Fév - 21:53

Très intéressant cet article! Merci d'avoir pris le temps de le traduire Smile

Les troubles alimentaires pendant la grossesse, ça ne m'étonne (malheureusement) pas du tout. J'ai eu des troubles alimentaires (crises boulimiques) qui se sont calmées bien avant que je tombe enceinte. J'ai même perdu pas mal de poids grâce à la psychiatre qui me suit. Mais là... Bref, pas besoin de raconter ma vie ^^ Simplement, la pression de l'entourage revient. On arrête pas de parler du poids que j'ai perdu/pris/que je vais reprendre (on m'a limité engueulé parce que j'ai perdu du poids en tout début de grossesse). Les réflexions sur ce que je mange/ne mange pas reviennent... T'ajoute à ça les angoisses, les changements physiques qui arrivent. En gros la grossesse est un terrain miné pour les femmes.

J'ai plus l'impression que l'entourage a un rôle important, plus que les magazines et toussa... En fait, j'ai toujours eu l'impression que les "stars" réagissaient aussi à une pression ambiante. Le body-shaming envers Kim Kardashian a été assez hallucinant d'ailleurs!


@Aezeria: Je vais pas te rassurer là, mais y a des gens qui demandent pas à toucher, iels touchent direct. Même quand ça se voit pas encore! Quand une femme est enceinte, son corps ne lui appartient plus totalement (dans la tête de certaines personnes).
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Message par Bourgeon Anxieux Mar 4 Fév - 0:04

Merci beaucoup Xiuhcoatl d'avoir pris le temps de traduire tout ça.

C'est la première fois que je lis un article sur sur les TCA et la grossesse... C'est vrai qu'en France, pays Ô combien pro-natal (contrairement à l'Allemagne), ce genre de sujet serait limite tabou... Donc merci encore d'avoir partagé ça.

Après tout être mère c'est si bô, pour une mission de cette importance la fâme se doit d'être irréprochable, il est normal qu'elle soit soumise en permanence au regard et au jugement des autre. Malheur à celle qui osera tremper ses lèvres dans un Château Latour 2005, à celle qui prendra une taffe de cigarette, à celle qui restera debout dans les transports en communs. Malheur à celle qui ne mettra pas ses "caprices" de contrôle du poids de côté pendant la grossesse pour l’intérêt de l'enfant. Bien tout reperdre après l'accouchement. Être mère oui, mais faudrait quand même pas se laisser aller, hein. Et tant pis si ce sont ces injonctions qui provoquent les TCA ou les renforcent...
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